Ma méthode pour écrire mon mémoire de littérature

Tout d’abord je demande pardon aux personnes qui me lisent pour mon absence. J’ai beaucoup de travail ces derniers temps, et peu de temps pour en parler.

Je suis en plein travail sur mon mémoire pour Paris 3 en littérature comparée, sur les transmasculinités en littérature française / francophone du XVIIe au XIXe siècle. Je suis en M2. En M1, j’ai présenté mon mémoire à un jury composé de mon directeur de mémoire et d’une professeure de littérature comparée que j’ai eue en séminaire. J’ai obtenu la note de 17.

Ce petit récit / explication de comment aborder ce devoir ne servira peut-être à rien, mais s’il est utile à certaines personnes alors pourquoi pas. Il regroupe ce que j’ai fait, ce que je n’ai pas fait mais que j’aurais dû faire, et tous les conseils qu’on a pu me donner dans la rédaction d’un devoir plus ou moins long.

  1. Sujet et corpus

On vous donne pléthore de conseils à l’université pour cerner le sujet, établir un corpus et faire des recherches en bibliothèque (la Sorbonne Nouvelle a même une UE « Méthodologie de la recherche » en M1 avec des cours en ligne très bien faits ». Après trois ans de classe préparatoire, j’ai acquis la capacité de suivre les consignes pour le meilleur et pour le pire ; j’ai utilisé ces conseils pour réfléchir à mon mémoire. Et ça aide ! Grâce à ça, j’ai pu notamment me décider sur la période que je voulais travailler : si mon projet était de bosser sur les personnages transmasculins, c’était très vague. Mais penser au « Quand ? » (dans le fameux « Qui quoi où quand comment pourquoi ») m’a fait dire que si je devais choisir, je préférais travailler sur de la littérature ancienne et non sur du XXe ou du XXIe siècle, car pour mon objet d’étude, c’était plus passionnant.

Pour votre corpus, limitez-vous à deux ou trois oeuvres si vous faites votre mémoire en 1 an. Perso, j’en ai 5, et c’est un travail de maboul, et je fais mon mémoire en 2 ans car c’est la seule solution pour réussir à faire TOUT CA.

2. Le lien avec lae directeurice de mémoire

En général, il y a entre une dizaine et une trentaine de professeurs habilités à encarder un mémoire dans votre département (cela dépend de la taille du département). Dès que vous savez à peu près sur quoi vous voulez travailler (et ça peut être dès la fin de la 3e année de licence ou de prépa) renseignez-vous sur ces personnes et contactez celleux qui travaillent sur les champs de recherche dans lequel votre mémoire entre. Essayez d’avoir plusieurs choix de personnes – en cas d’indisponibilité de votre favori-te il y aura toujours un plan B.

Demandez également quel type de suivi votre directeurice est prêt-e à vous apporter. Dans mon département, certaines personnes voient leur DM plus d’une fois par mois et cellui-ci donne des dates butoir pour rendre introduction, plan détaillé, conclusion, bibliographie… D’autres sont beaucoup plus flexibles – souvent car ils sont plus occupés – mais vous risquez de ne pas les voir souvent. Personnellement mon directeur de mémoire est peu disponible, mais cela me convient très bien car je suis quelqu’un qui travaille de manière très indépendante et les dates butoirs me stressent plus qu’autre chose.

3. Le mémoire lui-même

Un mémoire, c’est long. On demande en général entre 40 et 50 pages en M1, et une centaine de pages en M2. Moi qui avait l’habitude du format dissert de 16 pages maxi en prépa, je me suis demandé ce que j’allais bien pouvoir raconter pendant cinquante pages. Au final, j’ai pondu 70 pages sans ramer outre-mesure pour trouver des choses à dire, parce que le sujet m’inspirait et qu’en fait, 50 pages n’est pas si long si on a de la matière.

Cependant, cette matière ne se trouve pas comme ça ! Il faut faire des recherches et réfléchir tout au long de l’année (mais ça, on vous le dira déjà pendant toute votre année), et surtout organiser son document pour ne pas s’y perdre. Pour cela, faites un PLAN dès que vous avez une idée de plan – il peut changer plus tard, mais ayez-en un -. Utilisez les styles « Titre 1 » « Titre 2 » « Corps de Texte » dans votre document, et tant pis si c’est moche au début : ces styles permettent ensuite l’affichage en mode « plan » (ou l’ouverture du navigateur sous libre office) ce qui permet de retrouver le petit c du petit 1 du grand A plus facilement afin d’y coller une citation que vous venez de trouver. Si votre plan n’est pas hiérarchisé, utilisez des séries de « Titre 1 » pour mettre vos idées par thème, ou faites une liste à puces dans un document séparé (méthode de dissertation apprise il y a fort longtemps : une feuille avec les idées regroupées par thème, que l’on case ensuite dans son plan sur une deuxième feuille).

Mettez également vos citations dans un document à part, puis rayez-les du document au fur et à mesure pour ne pas les oublier ou éviter de citer deux fois la même chose sans le dire (vous ne vous en rendez pas compte mais la personne qui vous lit le verra).

4. La rédaction

Il n’y a pas de miracle, un jour il faut passer à cette étape qui terrifie tant. En mars les memes internet sur la rédaction du mémoire, irriguée par le café, en retard et faite en 10 jours avant le rendu, sont en général amusants sauf pour celleux qui vivent vraiment cet enfer.

Le début de la rédaction surtout est angoissant. Astuce donnée par des professeurs de Paris 8 : écrivez le plus tôt possible, même si c’est juste des morceaux, même si c’est entre deux puces du plan détaillé, même si c’est une phrase de transition, ayez déjà des morceaux de rédaction avant de commencer la Grande Rédaction Générale du document. Cela dédramatise (pas de syndrome de la page blanche) et cela donne des coups de pouce (découvrir que vous avez une page bonus de texte lorsque vous en êtes à 27 pages et que vous commencez à tirer la langue, ça requinque).

Au pire, si en relisant ce que vous avez écrit trois mois auparavant lors de votre rédaction générale vous trouvez que c’est pourri, vous pouvez toujours corriger ou réécrire en mieux.

5. La relecture / mise en page

D’expérience le passage le plus ennuyeux et le plus chronophage du mémoire, surtout pour un type comme moi qui rendait ses dissertations de prépa sans les avoir relues car j’étais incapable de me concentrer sur mes propres écrits. Il existe plusieurs écueils de la relecture :

  • Le perfectionnisme : le mieux et l’ennemi du bien, et surtout, du temps. Relisez une fois pour corriger les formulations et réécrire, mais pas plus. D’ailleurs, dans cette étape, n’oubliez pas de relire la phrase que vous avez corrigée/coupée/enrichie/reformulée pour vérifier qu’elle aie un sens (mon mémoire de M1 était truffé de phrases biscornues ou sans « et » de coordination à cause de mon inattention).
  • l’aveuglement : faites relire par quelqu’un d’autre, si possible pas trop mauvais en orthographe, pour les fautes de langue. On passe souvent à côté des siennes. Alors demandez à votre mère, votre copain, votre grand-père champion de la dictée du village mais trouvez quelqu’un pour vous relire. Adressez-vous à vos camarades sinon, dans un échange de bons procédés (bon évidemment prenez quelqu’un de sérieux et qui ne fait pas trop de fautes sinon ça ne sert à rien).
  • Le formatage : un document joli à lire est un gros plus, surtout quand on est jury et qu’on est déjà fatigué en lisant un titre comme « la virgule chez Diderot et Haruki Murakami : étude comparée ». Pensez à eux quand vous écrivez : ils ne connaissent pas votre sujet aussi bien que vous. Et surtout, mettez en forme votre document de manière bien uniforme et travaillée – sans abuser des fioritures. Outre le format usuel (Time New Roman 12, justifié, interligne 1,5) mettez des titres bien visibles, un alinéa juste assez  grand, des listes à puces aérées, des numéros de pages… Utilisez maximum 2 polices différentes (le Time New Roman et une autre) toutes deux lisibles, et 2 couleurs en plus du noir, assez foncées pour être vues à l’impression. Hiérarchisez les titres avec des retraits croissants (plus le titre est important plus il est à gauche) et des tailles décroissantes (idéalement 1 point de différence entre chaque niveau, même si 2 niveaux peuvent être à la même taille si vous jouez avec le gras ou l’italique). Mettez les titres d’oeuvres en italique, les citations et les références comme on vous l’a appris (il y a des tas de tutos sur internet et comme je ne sais moi-même pas toujours le faire correctement je ne vais pas expliquer ici). Faites des paragraphes, et ajoutez si possible quelques illustrations pour faire respirer votre document.

6. La soutenance

Pour les personnes qui pensent que le document écrit est une fin en soi, détrompez-vous : il y a, après lecture par le jury, une soutenance de mémoire devant ce dernier.

Une fois qu’on a tout donné dans l’écriture de son mémoire, cette étape peut sembler être une torture ultime. Qu’est-ce que vous allez ENCORE pouvoir raconter ? A vrai dire, saisissez cette étape comme une chance de :

  • Justifier vos choix de méthode, vos interprétations, votre choix de corpus de manière détaillée
  • Donner les idées en plus qui vous sont venues entre le rendu de l’écrit et la soutenance (si votre sujet s’y prête, parler de l’actualité immédiate autour de lui)
  • Parler d’un éventuel approfondissement en M2 / Thèse
  • Dire ce qui vous a poussé vers ce sujet
  • Eclaircir des points où vous avez galéré

Le jury fera des questions ou des remarques. Soyez sincères et dialoguez sans être terrifié-e, expliquez quand il vous dit ne pas comprendre tel ou tel point, utilisez votre cerveau pour répondre aux questions et rappelez-vous que vous connaissez souvent votre sujet mieux que lui : c’est le moment ultime pour le montrer.

Détendez-vous. Tout ira bien.

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